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Mel Bonis

 

MEL BONIS


   Mel Bonis, pseudonyme de Mélanie Bonis, épouse Domange, (1858 –1937) est une des rares compositrices françaises de son époque qui laisse à la postérité une œuvre musicale conséquente. Cette parisienne, issue d’un milieu bourgeois modeste, suivit ses études au Conservatoire sur les mêmes bancs que Debussy et Pierné. Ses maîtres, Ernest Guiraud et Louis Auguste Bazille aux classes d’harmonie, accompagnement et composition, n’étaient qu’éloge pour elle. Elle rencontra le jeune Amédée Hettich qui allait devenir une figure éminente du monde du chant alors qu’ils étaient étudiants. Elle avait souhaité l’épouser : ses parents s’y étaient opposés et l’avaient obligée à démissionner pour les séparer. Elle se maria en 1883, conformément à leurs vœux, à un riche industriel âgé du double de son âge et père de cinq garçons. Elle lui donna elle-même trois enfants. Elle vécut de nombreuses années fidèlement à ses devoirs d’épouse et de mère. Elle retrouva son amour de jeunesse dans le courant des années 1890 et collabora à sa fameuse collection Les Grands airs classiques. A son corps défendant, leur amour s’imposa à nouveau. De leur liaison elle eut un enfant qu’elle mit au monde en secret. Cette âme romantique et spirituelle, en qui étaient enracinées la morale et les valeurs chrétiennes, ne se remit jamais de cette blessure affective. La musique et la prière sublimèrent sa douleur.

      Comportement insolite pour une femme du mondede cette époque, maîtresse de maison et mère de famille, elle a composé une grande œuvre musicale. Ce corpus, évalué à trois cent pièces, se compose de 60 morceaux de piano (sans compter les pièces à quatre mainsetà deux pianos et les recueils pédagogiques), de nombreuses mélodies, motets, messes et autres œuvres religieuses polyphoniques; de 27 pièces d’orgue,d’œuvres majeures de musique de chambre dont trois sonates et deux quatuors pour piano et cordes, d’œuvres pour orchestre… Depuis les pièces légères jusqu’aux cantiques mystiques, l’œuvre de Mel Bonis est aussi variée qu’abondante. C’est une écriture savante au service d’une inspiration originale et forte, une belle recherche harmonique souvent teintée d’impressionnisme et d’orientalisme, avec des rythmes innovants. Cette œuvre connût un long purgatoire d’où elle émerge progressivement depuis la fin des années 1990.

     Mel Bonis était particulièrement sensibilisée au chant du fait de sa relation avec Amédée Hettich avec qui elle travailla beaucoup musicalement, qui l’encouragea et l’aida du fait de son entregent et de son réseau dans le milieu musical.  Pour le chant, Mel Bonis a écrit une œuvre importante, des  mélodies et chœurs - des œuvres religieuses et des œuvres profanes.

    Elle a  composé une quarantaine de mélodies que nous publions ici en trois volumes en fonction des tessitures. La plupart sont accompagnées au piano, certaines éventuellement à l’orgue ou à la harpe, certaines avec des interventions de violoncelle ou de violon.

    Les poètes qui les ont inspirées sont  principalement Amédée Hettich, Edouard Guinand et Maurice Bouchor. Le baryton Hettich, personnalité éclectique, devait accéder aux plus hautes responsabilités dans le monde parisien du chant. Professeur au Conservatoire, auteur de plusieurs collections et d’une méthode de chant, c’était aussi un Homme de plume. Il écrivait des articles pour les journaux musicaux - notamment des critiques - et surtout des poèmes. Il avait publié chez Leduc les vers à chanter et remplissait de poèmes des carnets entiers et, dit-on, tout bout de papier mis à sa disposition.  Le poète Maurice Bouchor, contemporain de Mel Bonis, a inspiré de nombreux musiciens, notamment Charles Bordes, Pierre de Bréville, Isaac de Camondo, Ernest Chausson (Poème de l’amour et de la mer), Claude Debussy ou André Gedalge.  Edouard Guinand, de vingt ans leur aîné, poète prolifique,  a lui aussi  inspiré de nombreux compositeurs comme Cécile Chaminade, Benjamin Godard et Claude Debussy (L’enfant prodigue). Mel Bonis s’est aussi inspirée de façon ponctuelle de poèmes de  Victor Hugo, de Georges Rivollet, de Leconte de Lisle, d’ André Godard, d’Edmond du Costal, d’ Anne Osmont et de Madeleine Pape-Carpantier. Les mélodies de Mel Bonis sont d’une grande diversité de style, allant du plus léger au plus romantique, du religieux à l’impressionniste. Elles ont en commun leur belle qualité d’écriture et leur ancrage dans leur époque. Les textes choisis gardent un charme auquel on reste sensible (Chansons de Shakespeare de Bouchor, Un soir de Anne Osmont, par exemple). Les mélodies sur des textes de Hettich et Guinand sont généralement de style léger, comme la pastorale Pourriez-vous pas me dire et le délicat Reproche tendre ou bien la Villanelle. Les mélodies sur des textes de Bouchor comme l’ensemble de Trois mélodies pour ténor sur les Chansons de Shakespeare, le subtil et sensible Un soir de Anne Osmont (mezzo), et le veloce, l’habile Chat sur le toit de du Costal sont les meilleurs exemples d’une écriture musicale très élaborée harmoniquement, descriptive et impressionniste, qui reflètent la maturité de la compositrice et nécessitent des qualités d’interprétation particulièrement raffinées de la part du chanteur comme du pianiste.

    Sur 39 mélodies de Mel Bonis que nous éditons, on constate que 17, soit une proportion importante,  sont restées inédites de son vivant, en particulier presque toutes les mélodies sur des poèmes d’Edouard Guinand et de Maurice Bouchor malgré leurs qualités évidentes. Les poètes avaient-ils été contactés ? S’étaient-ils opposés ?  On ne peut que s’interroger.

   

Christine Geliot

Mel Bonis

 Compositrice française 1858-1937